Premier grand groupe énergétique français avec plus de 170 000 salariés (près de 70 000 en France), ENGIE a tout naturellement été assez vite confronté à la question des aidants familiaux. Il a surtout été parmi les premiers à vouloir y apporter une réponse concrète, et ce dès 2016.
Rachel Compain, Directrice Développement social et Diversité chez ENGIE, revient sur le dispositif mis en place alors et les ajustements apportés depuis.
Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez pris conscience si tôt du sujet et la réponse que vous lui avez apportée ?
A l’époque, au sein de l’équipe, nous étions déjà plusieurs à accompagner respectivement nos parents, nous étions personnellement sensibilisés. Nous étions aussi intuitivement convaincus qu’il devait y avoir d’autres collaborateurs dans ce même cas et qu’il fallait mettre en place un dispositif de soutien pour y répondre. Et même si en 2016, le sujet de la vieillesse et de l’aidance familiale étaient encore tabou, nous avons pensé qu’il était de la responsabilité d’un grand groupe comme le nôtre de s’engager.
Nous avons alors fait appel à un prestataire externe pour établir un contrat cadre et mettre en place une plateforme en ligne. « My prevention » est née en 2016. Ce dispositif recensait tout l’état de l’art sur le sujet à l’époque et se voulait le plus accessible possible sur le périmètre français.
Pourtant, vous y avez mis un terme fin 2017. Pourquoi ?
Cette plateforme a été saluée comme une belle avancée par nos pairs et a valu à ENGIE de remporter le prix « Entreprise & salariés aidants », toutefois nous nous sommes rendu compte de la difficulté d’appropriation en interne. Au bout de 18 mois, nous n’avions eu qu’une dizaine de dossiers, Nous avons donc pris la décision d’internaliser le process.
Rétrospectivement, je me dis surtout que l’entreprise, nos collaborateurs, n’étaient pas suffisamment sensibilisés pour se reconnaître comme aidants et encore moins pour entamer des démarches au sein de l’entreprise.
Le Groupe a alors décidé de laisser chaque entité, chaque service des Ressources Humaines, avoir une vraie autonomie sur le sujet et d’y répondre au cas par cas, en incluant ce sujet dans les accords handicap ou diversité ou en ayant recours à des services de proximité pour les collaborateurs, l’objectif étant de proposer un accompagnement le plus adapté possible.
Est-ce que la crise sanitaire de 2020 et ses conséquences ont changé votre manière d’accompagner les aidants ?
Pendant le premier confinement, en échangeant avec toute la filière RH et les référents diversité, j’ai constaté que les aidants avaient encore plus besoin d’être soutenus et accompagnés qu’à l’accoutumée.
En effet, les collaborateurs ont rencontré des difficultés pour rendre visite à leurs proches, leur apporter ce dont ils avaient habituellement besoin tout en faisant face à leurs obligations familiales et professionnelles. Les aidants ont dû redoubler d’énergie pour accompagner physiquement et moralement leurs proches dans l’isolement du confinement.
Par ailleurs, depuis quelques années, la société française est devenue plus mature sur le sujet de l’aidance, le sujet n’est plus tabou et l’État propose des solutions.
Nous avons donc réfléchi à la meilleure réponse possible chez ENGIE.
Après un tour d’horizon interne pendant cette période singulière et exigeante pour les aidants, il nous est apparu, que le Groupe devait être moteur, c’est-à-dire s’engager tout en laissant beaucoup de souplesse au niveau local pour trouver les bons ajustements en termes d’équilibre en vie personnelle et vie professionnelle.
C’est la raison pour laquelle nous avons opté pour une page Intranet dédiée sur le portail RH en septembre 2020.
Notre ambition est d’accompagner les salariés à identifier les structures et associations pouvant leur venir en aide et aider les entités du groupe à construire des solutions répondant aux besoins des collaborateurs.
Avez-vous déjà un retour d’expérience sur ce nouveau dispositif ?
Oui, car c’est finalement l’aboutissement de nos réflexions depuis 2017.
On se rend compte qu’en donnant l’impulsion au niveau global et en laissant ensuite les entités locales s’investir, tout le monde est beaucoup plus épanoui et la réponse beaucoup plus efficace, car elle se fait dans une vraie proximité.
Cela a un effet matriciel : on fait ainsi bouger les lignes du côté RH, comme du côté des collaborateurs. On lève les freins, l’éventuel aspect conflictuel d’une situation personnelle que l’entreprise ne sait pas forcément gérer, pour être dans un accompagnement bienveillant et efficace. Cela n’est peut-être pas duplicable partout, mais vu la taille d’ENGIE et ses spécificités, c’est le plus opérant. Pour autant, rien n’est jamais figé dans la politique RSE du Groupe, c’est même son ADN.
Pour aller plus loin
Malakoff Humanis a créé la Ligne Info Aidant pour mieux accompagner tous ceux qui aident leurs proches dépendants.