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Publié le 25.08.2016

Ramesh Caussy, créateur du robot qui purifie l’air en entreprise

Sur le lieu de travail, ce petit robot se déplace tout seul : il crée autour de lui une bulle d’air purifié, puis reprend son chemin… Une solution très appréciée des personnes qui ont pu bénéficier de cette avancée technologique ! Dialogue avec le Dr Ramesh Caussy, président et fondateur de Partnering Robotics et inventeur du robot Diya One.

Comment votre robot améliore-t-il la qualité de l’air ?

Notre robot Diya One est capable de se déplacer et de s’orienter en toute sécurité dans un local, même si celui-ci est peuplé d’individus, de meubles et de machines. Il est équipé d’un système de filtrage de l’air très performant, qui lui permet de l’assainir localement et très rapidement.
Là où il se trouve, il détecte les principaux polluants de l’air, dont l’ozone, le CO2, les particules, et les particules fines. L’objectif de cette solution n’est pas de remplacer la ventilation mécanique contrôlée (VMC) – cette centrale d’air est obligatoire dans les entreprises – mais d’en améliorer l’efficacité, au plus près des travailleurs concernés, dans les bâtiments artisanaux, industriels et de bureaux.

Pourquoi la qualité de l’air intérieur devient-elle si importante pour les entreprises ?

La qualité de l’air intérieur fait effectivement aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. Rappelons qu’une centrale d’air est obligatoirement en prise avec l’air extérieur : la qualité de l’air intérieur dépend donc directement du niveau de pollution extérieur. Ce qui préoccupe beaucoup de salariés, comme l’ont établi plusieurs études réalisées par Malakoff Médéric (1) :

  • 84 % des salariés français estiment que la pollution de l’air extérieur présente un risque élevé pour leur santé, et 68 % d’entre eux estiment que la pollution de l’air intérieur est également facteur de risque ;
  • ces effets occasionnent des gênes importantes pour 77 % des personnes interrogées, notamment dans leur travail (32 %).

Bien sûr, ces inquiétudes sont parfaitement légitimes : selon l’OMS, en 2012, on estimait à 3,7 millions le nombre de décès prématurés provoqués dans le monde par la pollution de l’air extérieur dans les zones urbaines et rurales. S’y ajoutent de très nombreuses pathologies respiratoires et cardiovasculaires, qui vont de légères à très sévères, et une perte de bien-être. Quant aux particules fines, elles sont identifiées comme un facteur de risque particulièrement important dans de nombreuses études sanitaires.

Comment vos robots d’assainissement de l’air sont-ils acceptés par les salariés ?

Selon nos propres études in situ, réalisées par une sociologue :

  • 91 % des personnes perçoivent les fonctions présentées par notre robot comme utiles ;
  • certaines personnes se disent même rassurées quand le robot est à proximité ;
  • pour 79 % des personnes interrogées, notre robot participe favorablement à l’image de l’entreprise ;
  • 81 % des collaborateurs interrogés ont un sentiment de confiance vis-à-vis de Diya One.

Ces bons résultats s’expliquent aussi par le fait que nous avons choisi de ne pas en faire un robot humanoïde. Ces robots, très coûteux, ont tendance à effrayer les gens ou à les mettre mal à l’aise (présence de bras ou de jambes artificiels, absence d’un « vrai » visage, caractère imprévisible des mouvements…).

Enfin, selon une étude faite par Malakoff Médéric, 47 % des salariés interrogés estiment que les objets connectés peuvent aider à prévenir les risques liés à la pollution de l’air : notre solution s’inscrit pleinement dans cette catégorie et bénéficie donc d’un a priori favorable.

Les robots étant plus ou moins bien acceptés sur le lieu de travail, quelles recherches menez-vous sur ce plan ?

Nous accordons une grande importance à l’interaction entre hommes et robots. C’est pourquoi, en mai 2016, nous avons accepté de participer activement à la chaire Robo’ethics, dont je suis titulaire, avec l’INP de Grenoble, l’Ensimag et le LIG. L’objectif commun de ces institutions d’excellence est de mieux comprendre la communication entre les hommes et les robots afin de les rendre les plus fluides possible.

La dimension éthique nous semble primordiale : il faut éviter d’introduire les robots trop tôt, ou sous-estimer leur impact sur les comportements des gens et sur l’image de l’entreprise. L’éthique et la qualité de vie au travail, c’est aussi préserver la vie personnelle, ne pas placer les personnes dans des confrontations directes ou des situations de mal-être. Ce sont de vraies questions sur lesquelles des recherches approfondies sont nécessaires.

Sur le plan de la qualité de l’air, quelles garanties apportez-vous ?

Notre start-up, Partnering Robotics, ne prétend pas être une spécialiste de la qualité de l’air. Pour proposer ce service avec les meilleures garanties, nous sommes accompagnés par la plus haute autorité scientifique dans ce domaine : le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), qui est un établissement public indépendant.
Sur la base de ses recommandations, nous avons choisi certaines technologie de purification d’air de l’entreprise suédoise Camfil. Ce leader mondial dispose des technologies les plus évoluées, notamment pour les sites industriels et les établissements de santé (salles d’opération), avec filtration des particules les plus fines (en dessous des PM 2.5). Ces mêmes recommandations nous ont permis d’écarter d’autres technologies récentes et très médiatisées, sur lesquelles existent certaines réserves scientifiques.
Par ailleurs, notre entreprise a reçu plus de 14 prix et marques de distinction, nationales et internationales. Et nous avons conclu de nombreuses collaborations, notamment avec Engie et IBM France.

Comment ce robot peut-il coopérer avec la centrale d’air de l’entreprise ?

Du point de vue de la qualité de l’air, il faut d’abord souligner qu’il n’existe pas de solution parfaite. Notre robot pourra coopérer avec la centrale d’air en lui envoyant des alertes. Il peut ensuite faire des relevés ponctuels, afin de vérifier le retour à des taux satisfaisants. Il intervient donc localement et rapidement, pour améliorer la qualité de l’air, avant que la centrale ne l’ait épuré globalement.
À partir de ces relevés, Diya One crée des big datas sur la qualité de l’air local. Ce qui permet aux responsables en entreprise d’avoir un suivi de ces données.
Il permet aussi de faire des économies d’énergie en évitant de solliciter la centrale lorsque les taux ne sont pas problématiques.

Quelle est votre vision de l’avenir de telles solutions, centrées sur l’amélioration de la qualité de vie au travail ?

De façon générale, nous pensons que l’industrie robotique a un bel avenir en France et qu’elle peut créer des emplois autour de ces métiers, notamment afin d’améliorer la qualité de vie au travail. Notre start-up, fondée en 2007, regroupe déjà une trentaine de salariés et nos robots sont entièrement conçus et fabriqués en France.
L’avantage de notre robot, c’est qu’il permet d’embarquer toute sorte d’équipement afin de l’amener au plus près sur le site de travail. Ce qui ouvre de vastes perspectives pour l’amélioration de la qualité de vie au travail !


[1] Étude Malakoff Médéric Environnement et santé – 2015

Président et fondateur de partering, robotics