Salariés aidants : L’efficacité du don de congés entre collègues
Publié le 25.01.2021

Salariés aidants : L’efficacité du don de congés entre collègues

Inscrit dans la loi depuis 2015, le don de congés entre collègues n’est pas encore très pratiqué en entreprise. Pourtant, tous ceux qui l’ont fait en vantent les bienfaits, pour les aidants comme pour la performance sociale de l’entreprise. Zoom sur un phénomène qui va prendre de l’ampleur.

Avant d’entrer dans le détail des expériences mises en place sur le terrain, il convient de repréciser ce que dit la loi, encore mal connue du grand public. En effet, le don de congés entre collègues pour les parents d’enfants malades existe depuis 2015. Il a été étendu aux aidants familiaux en 2018, ce qui ouvre le panel des actions de l’entreprise en leur faveur.

Que dit la loi?

Depuis le 13 février 2018 dans le privé, tout salarié peut décider de renoncer à ses congés payés non pris, pour en faire don à un collègue qui vient en aide à une personne ayant une incapacité permanente d’au moins 80 % ou un proche âgé en perte d’autonomie. Le proche aidé doit être soit la personne qui vit en couple avec le salarié, un ascendant, un descendant ou un collatéral jusqu’au 4ème degré.

Les jours de repos pouvant faire l’objet d’un don comprennent tous les jours de repos non pris, à l’exception des quatre premières semaines de congés payés (cinquième semaine, RTT, compte épargne-temps…). Le salarié souhaitant donner des jours de repos doit en faire la demande à l’employeur, qui doit donner son autorisation. De son côté le bénéficiaire du don doit fournir à l’employeur une attestation médicale du médecin qui suit le proche.

Zoom sur des cas concrets : Hager, une entreprise pionnière

La filiale française du groupe Hager fait partie des premières entreprises à expérimenter le don de congés aux salariés aidants, dès que cela a été rendu possible. Et, comme souvent dans ce domaine, cette prise de conscience est née d’un cas concret et personnel.

En effet, c’est lorsqu’une de ses salariées-aidantes, mais non déclarée, est venue lui donner sa démission, que Catherine Distel, chargée des affaires sociales chez Hager Group, a mesuré que son rôle ne s’arrêtait pas à la QVT mais que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée dépendait aussi de son périmètre.

Depuis, l’entreprise s’est énormément mobilisée, faisant de la reconnaissance des aidants et de leur accompagnement l’un des grands axes de sa politique sociale. Concernant le don de congés entre salariés, Hager a mis au point une sorte de bourse interne et multiplie les appels aux dons via une communication forte.

En moyenne, chaque campagne recueille une centaine de jours et une petite quinzaine de salariés a pu en bénéficier en 2020. La “care manager” observe une mobilisation grandissante en interne, avec une communauté d’aidants dynamique et plus de solidarité. L’entreprise figure parmi les premières labellisées « Cap’Handéo Entreprises engagées auprès de ses salariés aidants ».

Des politiques « aidant friendly » fédératrices

Pour permettre aux aidants familiaux de s’absenter pour s’occuper de leur proche en perte d’autonomie, sans perte de rémunération, le groupe Casino a mis en place un « plan congé de l’aidant familial » dès 2013. Le principe ? Les collaborateurs qui le souhaitent donnent des jours de congés qui sont mutualisés dans ce fonds. A chaque jour donné, le groupe abonde d’une journée supplémentaire. Les collaborateurs aidants peuvent bénéficier de 12 jours ouvrables par année civile. En 2019, près de 400 jours ont ainsi été donnés au fonds par 190 collaborateurs à 70 bénéficiaires, sans compter ceux donnés par le groupe.

Il en va de même à La Poste, où le groupe a mis en place un fonds de solidarité, disposant de 1000 jours de congés, accessibles sur demande et distribués par une commission. Cette dernière peut ainsi attribuer entre 25 et 30 jours supplémentaires au salarié aidant retenu.

Un dernier exemple concerne Kronenbourg. L’entreprise a signé en 2019 un accord « relatif à l’égalité professionnelle et à la qualité de vie au travail », qui prévoit la possibilité de dons de jours de repos entre salariés. Quelle qu’en soit la durée, ces dons sont abondés de trois jours ouvrés par l’entreprise. Un nombre qui se veut « suffisamment incitatif », selon Eric Assy, vice-président des ressources humaines. Trois dons seulement ont été effectués depuis cet accord, car selon un responsable syndical, il ne repose que sur la générosité des salariés. Un petit bémol, donc.

Quelques soient les retours d’expérience, globalement très concluants, on observe qu’ils viennent tous de grands groupes, dans lesquels il y a, à la fois, des services de ressources humaines très structurés et des syndicats forts. Aujourd’hui, en France, on dénombre 11 millions de salariés aidants reparties dans des entreprises de différentes tailles. En 2030, un salariés sur 4 deviendra aidant. Il est plus que jamais temps que les ETI, PME et TPE puissent s’emparer du sujet et en fassent un enjeu de leur politique de performance sociale.

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