Elles confectionnent blouses, masques, et autres protections antivirus ou bien livrent des repas tout préparés… nombreuses sont les PME françaises qui ont adapté leur activité pour venir en aide au corps médical en première ligne sur le front sanitaire. Cet engagement au quotidien pour participer à l’effort collectif implique des salariés qui retrouvent du sens dans leur travail. Plongée dans la France des cols bleus partant à la rescousse de la France des blouses blanches.
Des PME qui se mobilisent…
Située dans le Cantal, la société Piganiol, a réorganisé sa production. Son cœur de métier ? Les parapluies. Après avoir fermé pour la première fois depuis sa création il y a 130 ans, la PME dirigée par Mathieu Piganiol s’est tout d’abord lancée dans la production de masques, pour finalement porter son dévolu vers les blouses. « Les soignants m’ont indiqué qu’il y avait un grand besoin de blouses. En 48 heures, nous sommes passés de la production de parapluies aux blouses chirurgicales. L’industrie française est capable de s’adapter », indique fièrement le dirigeant. Aujourd’hui, tout l’effectif, soit une dizaine de couturières, est mobilisé, faisant travailler également les entreprises locales de tissus.

Côté tissage, dans la région de la Loire, l’entreprise Les tissages de Charlieu s’est reconvertie pour fabriquer 100 000 masques par jours. « Notre volonté est de pouvoir fournir rapidement le plus de gens possible afin de répondre à l’urgence sanitaire, et faire en sorte que les stocks de masques homologués profitent prioritairement au personnel soignant », indique Antoine Saint-Pierre, codirigeant de l’entreprise. Un changement également adopté par la société Nervures, dans la région Occitanie, qui est passée de la production de voiles de parapente et de parachute à celle de masques.
D’autres encore rejoignent le combat, en Occitanie toujours, la brasserie Lancelot a fourni 1300 litres d’alcool, et un parfumeur, Berdoues, qui pour le CHU de Toulouse produisent 4 000 gels hydro alcooliques par jour. « Nous avions en stock toutes les matières premières, à savoir la glycérine, l’alcool et un troisième élément très important qui est présent dans notre gamme Blondépil. Nous avons également réquisitionné en interne des flacons qui étaient prévus à une autre utilisation initialement », confie sa directrice Sophie Berdoues.
Côté bouche, le secteur se mobilise. Le mouvement « les chefs avec les soignants » lancé par le journaliste culinaire Stéphane Méjanès, a réuni dès son lancement de grands chefs comme Guillaume Gomez, chef des cuisines de l’Elysée, et les PME, telle que l’entreprise Tiptoque, spécialisée dans la livraison de plateaux repas. L’enseigne de burgers PNY également à Paris cuisine chaque jour pour les soignants, des plats, autres que des burgers !

…des salariés qui (re)trouvent du sens
« Il faut se rendre utile, insiste Matthieu Piganiol au micro de RFI, nous travaillons six jours sur sept, nous n’arrêtons pas car nous savons que les soignants ne s’arrêtent pas non plus. Il y a une vraie fierté du personnel, de venir et de se rendre utile. Les employés ne seraient pas revenus pour faire du parapluie, mais aider le personnel soignant, ça oui ! ».
Virginie Fabut, responsable de production chez Piganiol, en témoigne avec fierté : « En revenant travailler, on a le sentiment de se sentir utile et de redonner du sens à notre travail. L’ensemble du personnel était content de revenir travailler pour produire, malgré l’effort demandé. «
« Au quotidien, il y a une fierté de faire des parapluies. Mais dans ces cas d’extrême urgence, on se sent vraiment bien plus utile qu’à l’habitude. Le fait que l’on se soit mobilisé, montre la valeur de notre travail, du savoir-faire des couturières françaises « .
Et la fierté conquiert également le Val de Marne, dans la ville de Périgny-sur-Yerres, l’entreprise Microplast/Ecom, spécialisée dans l’injection plastique, a dédié toute sa chaîne de production à la fabrication de visières. Sur le site web du Parisien, David Anger, directeur général, « se réjouit, de participer à l’élan de solidarité ». Un mouvement « visières solidaires » a d’ailleurs été lancé avec les habitants du village, pour aider à la production via des imprimantes 3D.
Quid des mesures de sécurité ?
« Nous avons mis en place des mesures strictes. Tout d’abord, l’entreprise est fermée aux personnes extérieures. Les voitures sont toutes espacées d’une place sur le parking, les employés doivent se laver les mains toutes les heures et son équipés de masques, de gants, et de visières », indique Matthieu Piganiol.
Concernant les commerces de bouche et les entreprises de livraison, les recommandations prônent le « sans contact », aucun rapprochement ne doit être fait entre les livreurs et le client. La loi indique également que « le restaurateur doit aménager une « zone de récupération » des repas, « distincte de la cuisine », pour éviter tout contact entre cuisiniers et livreurs, et faire appliquer les gestes barrières », des recommandations suivies entre autres par Florent Layden, à Lille pour le restaurant Bierbuik encore PNY à Paris.

Un effort et une économie de guerre, de nouvelles chaînes de production, une réorganisation complète des activités internes… Mais comment les entreprises, les salariés, les dirigeants s’organiseront après le déconfinement, le 11 mai ? Une question se pose : qu’en sera-t-il de « l’après » ?