Alors que la part des seniors actifs augmente[1] et que l’âge du départ à la retraite fait débat, Malakoff Médéric Humanis s’est intéressé à la place dans l’entreprise des 55 ans et plus, qui représentent aujourd’hui près de 16% de la population active en France[2]. Comment envisagent-ils leur avenir professionnel dans un monde du travail en profonde mutation ? Comment les entreprises prennent-elles en compte la problématique de l’allongement de la vie professionnelle ? C’est à toutes ces questions que notre étude sur l’allongement de la vie professionnelle (AVP) tente de répondre.
L’allongement de la vie professionnelle est loin d’être un long fleuve tranquille pour les entreprises : 34% des salariés – tout âge confondu – se disent inquiets et 60% des dirigeants se disent préoccupés par l’allongement de la vie professionnelle [3] . Mais malgré l’inquiétude, la prise de conscience reste émergente et peu d’entreprises se sont encore saisies du sujet. Si 49% des dirigeants estiment que leur entreprise est bien préparée à cette évolution, seuls 21% d’entre eux déclarent avoir mis en place des actions spécifiques, actions qui bien souvent tendent à répondre à un problème qui se pose plutôt qu’à l’anticiper.
Promouvoir la santé et la qualité de vie au travail
Première source d’inquiétude face à l’allongement de la vie professionnelle : la santé. Ainsi, 8 salariés sur 10 craignent d’être confrontés à la fatigue physique (ou psychique), à des problèmes de santé ou à une usure professionnelle. De leur côté, plus de la moitié des dirigeants redoute justement la hausse des arrêts de travail et un tiers d’entre eux (32%) souhaite être accompagné dans la mise en œuvre de plans d’actions.
Derrière ces chiffres se joue un enjeu croissant : celui du « bien vieillir au travail » . Pour cela, il faut repenser les conditions de travail (horaires rythmes, postes, compétences…) en renforçant la prévention santé et QVT. 83% des dirigeants et 76% des salariés de plus de 54 ans plébiscitent d’ailleurs les actions préventives dans ce domaine là. Aménagement de poste et d’horaires sont les solutions les plus cités par tous.
Vous avez dit plafond de verre ?
Les chiffres l’attestent : le monde du travail n’est pas tendre avec les salariés plus âgés. Ainsi, 50% des salariés ont déjà observé au moins une forme de discrimination liée à l’âge au sein de leur entreprise. Sur ce point, l’accès aux formations est révélateur : 48% des salariés de plus de 54 ans indiquent que leur dernière formation remonte à plus de 5 ans, contre… 29% pour l’ensemble des salariés !
Maintenir l’employabilité des seniors, adapter leurs compétences et les aider à en acquérir de nouvelles est essentiel pour briser ce plafond de verre, en particulier dans un monde du travail qui connaît d’importantes transformations et l’arrivée de nouveaux métiers.
Conscients du problème, les dirigeants se mobilisent : 7 dirigeants sur 10 estiment ainsi que la lutte contre les discriminations fait partie des actions à mettre en place, et 68% d’entre eux veulent faciliter l’accès aux formations.
Les quincas, un atout pour l’entreprise
Pour autant, les salariés plus âgés sont perçus comme une vraie plus-value pour l’entreprise. 92% des dirigeants apprécient leurs compétences et leur expérience, leur autonomie et leur capacité à prendre du recul (89%) et leur fort investissement personnel (78%).
L’étude souligne également que 68% des managers apprécient de travailler avec des salariés seniors. Transmission, engagement et collaboration sont les qualités principales qu’ils leurs reconnaissent. Sans compter la richesse des échanges intergénérationnels.
Au final, miser sur l’intergénérationnel profite à tous : aux 60% des salariés de plus de 54 ans qui veulent faire profiter l’entreprise de leurs compétences, comme aux salariés plus jeunes qui bénéficient de l’expérience de leurs aînés. Un pari gagnant qui séduit aujourd’hui, 8 dirigeants sur 10 souhaitent développer la transmission des compétences et le tutorat/mentoring .
Préparer le bien vieillir au travail, c’est ANTICIPER
Une révolution culturelle reste encore à opérer pour passer d’une approche stigmatisante liée à l’âge à une approche préventive axée notamment sur la santé au travail, les conditions de travail et la formation. De notre étude, 4 actions préventives à mettre en place se dégagent :
Changer de regard sur la fin de carrière
S’adresser aussi bien aux plus jeunes qu’aux plus âgés, valoriser les talents de chacun sans privilégier un bout ou l’autre de la pyramide des âges… C’est l’équilibre délicat auquel sont désormais confrontés entreprises et dirigeants, mais pas seulement.
L’allongement de la vie professionnelle est un enjeu collectif qui doit mobiliser l’ensemble des parties prenantes (entreprises, managers, salariés, médecine du travail, acteurs de la formation professionnelle, complémentaires santé…). Cela suppose également de prendre en compte la diversité des parcours, des métiers, des secteurs et des individus (conditions physiques, psychiques, financières, familiales, etc.) pour repenser la gestion des carrières sur le long terme .
Quincas, l’aventure ne fait que continuer !
8026
[1] Le taux d’emploi des 50-64 ans est passé de 53,3% en 2007 à 61,5% en 2017, INSEE
[2] La part des 55 ans ou plus dans la population active devrait continuer d’augmenter (de près de 16% de la population active en 2018, elle attendrait 18% en 2022). INSEE La part des 50-64 ans dans la population active est de 27,7%. INSEE, chiffres 2015
[3] Étude de perception Harris Interactive pour Malakoff Médéric Humanis réalisée auprès de 1 003 salariés et 400 dirigeants d’entreprises privées ou publiques (hors fonction publique et éducation nationale) – du 14 février au 4 mars 2019