Employeurs, managers et DRH, préparez-vous : les seniors rebattent les cartes du management. Dans son nouvel essai, « Les Quincados », le sociologue Serge Guérin, spécialiste de la société de la longévité, brosse le portrait de cette génération qui a de l’énergie à revendre, et décrypte son rôle au sein de l’entreprise intergénérationnelle.
Ils ont entre 45 et 60 ans et constituent une génération clé dans le monde de l’entreprise. Eux, ce sont les seniors ou les “quincados”, comme les a baptisés le sociologue Serge Guérin dans son livre du même nom. Particularités ? Ils ne veulent pas vieillir et attendent de la vie et de l’entreprise des challenges à la hauteur de leur âme d’éternels adolescents. Ce qui caractérise cette génération, c’est son éternelle “envie” : envie de surprise, de découverte, d’innovation… La retraite ? Pas pour eux ! Le ou la quincado a des idées et des connaissances à revendre et une soif d’apprendre de nouvelles choses, ce qui en fait le.a candidat.e idéal.e pour des formations.
Expérience, expertise et envie
Dans son livre, Serge Guérin tord ainsi le cou à un (mauvais) réflexe qu’ont parfois certaines entreprises : celui de placardiser ses seniors. « Les quincados ne bloquent pas la société, ils contribuent, bien au contraire, à la faire évoluer », défend le sociologue qui décrypte cette nouvelle génération. Les 50 ans et plus ont donc toute leur place dans la société, mais aussi dans l’entreprise. Ils apportent même quelque chose en plus.
En résumé, le quincado, c’est « un jeune avec de l’expérience en plus », qui « fuit l’ennui, mais pas son âge ». Et gare aux entreprises qui ne sauraient exploiter le potentiel de leurs seniors : contrairement aux idées reçues, les quincados aussi peuvent aller voir ailleurs ! Alors qu’ils ont juste envie de faire autre chose au sein de l’entreprise, d’évoluer ou d’avoir de nouvelles missions. Bref : ils veulent se sentir utiles ! Pour le sociologue, le véritable enjeu ne concerne pas les capacités des seniors, qui ont souvent passé leur vie à démontrer qu’ils savaient travailler, mais bien le regard que l’on porte sur eux.
Changer le regard sur les seniors en entreprise
Ces « fabricants de l’intergénération » comme les surnomme l’auteur contribuent à faire évoluer les mentalités, changer les représentations sur le vieillissement et rajeunir notre regard sur l’âge. C’est en cela qu’ils peuvent être dit « des révolutionnaires de la société de la longévité, des rebelles de la transition démographique, des résistants aux idées reçues » explique Serge Guérin.
DRH, managers, dirigeants, collègues… toutes les parties prenantes doivent changer leur regard sur les seniors. « Les quincados refusent d’être enfermés dans la prison de l’âge, dans les bas fossés générationnels, et encore plus dans les normes sanitaires » décrypte le sociologue avant de les caractériser comme des « militants du nouveau flou des générations. »
Un flou qui devrait leur être favorable, à condition de voir autrement l’âge et la fin de carrière. DRH, recruteurs, managers et collègues, c’est aussi à nous d’évoluer sur cette question, pour que l’entreprise adopte une politique plus inclusive. Car avoir 50 ans en 2019, ce n’est pas comme en 1959. « On a tous gagné une quinzaine d’années, d’espérance de vie mais aussi moralement, psychiquement. On a une chance extraordinaire, on a tous rajeunit », se réjouissait récemment Serge Guérin dans une interview à France info. Et les entreprises fortes de leurs seniors aussi !