Publié le 10.10.2019

Quelles solutions pour accompagner les salariés aidants ?

Les salariés aidants doivent souvent jongler avec leur vie professionnelle tout en gérant à la maison des problématiques difficiles : un proche malade ou handicapé dont ils ont la charge. Quel rôle peut jouer l’entreprise pour préserver leur santé et leur qualité de vie au travail ? Décryptage.

Ils seraient 11 millions en France. Eux, ce sont les aidants, ceux qui donnent de leur temps et bien plus à un proche dépendant. Mais le temps manque souvent aux aidants. Pour éviter le burnout de ces piliers de l’entraide, les entreprises ont tout intérêt à aider et à accompagner ses salariés aidants.

Les besoins spécifiques des salariés aidants

Aujourd’hui, les salariés aidants s’occupent d’une personne en difficulté de 5h à 40h par semaine, l’équivalent d’un second emploi à temps plein. Charge mentale, surcharge de travail, épuisement et solitude sont les principaux risques auxquels ils sont exposés.

En moyenne, ces salariés pâtissent de 16 jours d’absence par an pour assurer leur charge. Plus alarmant: ils présentent 60 % de risque de surmortalité dans les trois ans qui suivent le début de la maladie d’un proche. Et avec le vieillissement de la population française, de plus en plus de salariés vont être un jour concernés par la dépendance d’un proche. Il est donc important d’accompagner les salariés aidants dès le départ. Or, seulement 31 % des entreprises connaissent le nombre de salariés aidants parmi leur personnel selon notre étude de 2017 sur le sujet.

Pourtant leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise sont fortes.

Les attentes fortes des salariés aidants

L’entreprise au cœur de l’accompagnement des salariés aidants

« Il y a une prise de conscience de l’entreprise de ces enjeux, mais ces dernières ne savent pas toujours très bien comment aborder le sujet et comment procéder » analyse Aurélie Pierre-Léandre, directrice de Cap’Handéo.

Un accompagnement nécessaire mais pas toujours évident

C’est pour cela que les organismes Handéo et Klésia ont créé un label des entreprises engagées auprès des salariés aidants, pour les guider dans leurs démarches. « Ce dispositif propose des outils et des éléments très concrets aux entreprises, afin de pouvoir trouver des solutions éthiques à destination des salariés aidants. Il a été composé par différentes parties prenantes concernées comme des entreprises, des salariés aidants, des partenaires professionnels, des experts et des sociologues », explique Aurélie Pierre-Léandre.

Condition d'obtention du label entreprise aidante

Ainsi, les trois premières entreprises aidantes labellisées sont la Banque Palatine, Novartis et Open Communities Consulting. « La présence sur le terrain et les échanges avec les salariés sont importants. Nous avons à la Banque Palatine, une assistante sociale, des responsables des ressources humaines. Ensemble, il est primordial d’être dans l’écoute. Lorsque nous parlons aux collaborateurs, ils se confient, nous racontent leur vie. C’est ainsi que nous avons décelé les problèmes liés aux aidants… La labellisation est la validation de notre engagement, qui est ancré dans notre ADN », confie Marie Rouen, Directrice des Ressources Humaines à la Banque Palatine. »

3 dispositifs d'accompagnement mis en place par la banque Palatine

D’autres entreprises ont préféré donner le pouvoir à l’humain et à la générosité de ses salariés. C’est le cas du groupe Casino, qui en 2012 a mis en place un congé de l’aidant familial. Comment cela fonctionne ?
Les collègues du salarié aidant peuvent, s’ils le souhaitent, faire don de congés ou de RTT. Ces derniers sont ensuite regroupés dans un portefeuille spécial dédié à la cause. « Les dons augmentent régulièrement, mais il nous faut encore davantage faire circuler l’information afin que les bénéficiaires potentiels se manifestent. »

Certains ne se reconnaissent pas comme salariés aidants et ne se sentent pas concernés, d’autres ont des réticences à se faire connaître au sein de l’entreprise par crainte d’être discriminés… « Nous sommes au début d’une prise de conscience. », confie Annie Ayel, responsable de la mission Handipacte du groupe au magazine Notre Temps.

Des applications pour aider à tout moment

Alors, comment préserver la santé des aidants ? Par exemple en prenant en compte la problématique du repos. Un aidant, selon son niveau d’implication, sera dépendant de la personne prise en charge pour ses vacances. L’entreprise peut rediriger son salarié aidant vers des structures d’aides, comme la plateforme « répit famille », qui propose des villages vacances permettant la prise en charge des soins tout en profitant des vacances. Un poids en moins pour l’aidant et l’aidé.

Autre option : proposer à ses salariés des outils numériques spécialement conçus pour accompagner les aidants. « Lily facilite la vie » est une application permettant de demander conseil à des experts sur ses difficultés d’organisation et de relation avec le pris en charge. Ce service peut être souscrit par un particulier en mal d’aide ou une entreprise. C’est également le cas de Tilia, une application qui se présente sous forme d’un assistant personnel. Son rôle consiste, entre autres, à conseiller et assister l’aidant familial dans les démarches administratives et la prise de rendez-vous. Un service créé par Christine Lamidel, intrapreneure chez BNP Paribas, qui fonctionne 24h/24. « L’idée, c’est de se dire qu’à tout moment on a besoin de solliciter quelqu’un », a-t-elle expliqué récemment sur Europe 1.

Et la demande devrait rapidement augmenter : le nombre d’aidants représente aujourd’hui un actif sur 5 passera, en 2030, à un sur quatre.