Amélie Couraud a 42 ans. Elle vit en couple, avec deux enfants, près de Dreux, dans l’Eure-et-Loire. En 2013, on lui a diagnostiqué un cancer du sein. Alors consultante pour une grande société, elle a quitté son travail puis a repris progressivement. Aujourd’hui, guérie, elle revient sur cet épisode de sa vie.
Quel est votre parcours ?
Je suis consultante chef de projet dans le domaine de l’industrie supply chain. J’ai travaillé pendant plus de dix ans pour Altran, une importante société de consulting. En 2017, j’ai rejoint une petite entreprise, Chrymelie, un cabinet de conseil parisien.
Dans quelles circonstances avez-vous appris que vous étiez malade ?
C’était en 2013. Je sentais des nodules un peu particuliers dans ma poitrine. Mon médecin m’a fait passer des tests, j’ai été opérée et le couperet est tombé : cancer du sein. J’ai suivi le protocole classique, mammographie, biopsie, chimiothérapie, au sein du service d’oncologie de l’hôpital de Saint-Cloud. Puis j’ai subi une chirurgie globale, ce qu’on appelle une mastectomie. Enfin, une radiothérapie pendant plusieurs mois, jusqu’en juin 2014.
Comment avez-vous annoncé cela à votre employeur ?
De façon simple et sans détour. En l’occurrence, ma responsable directe était une amie. Je n’ai eu aucun mal à lui en parler. Mon responsable client, lui, a fait en sorte que mes horaires de travail soient adaptés le temps du transfert de compétences avec mon futur remplaçant. Nous avons gardé le contact tout au long de mon traitement. Aussi, les deux sociétés pour et avec lesquelles je travaillais disposaient de services internes en capacité de gérer ce type d’événement. Altran possède un service dédié au handicap au travail avec qui nous étions en lien direct. C’est sûrement beaucoup moins évident dans de petites structures.
Et vos collègues ?
Nous avons organisé une réunion avec tous mes collègues et c’est moi qui ai expliqué les choses. C’était un peu perturbant à vrai dire. Toujours est-il que je ne voulais pas cacher ma maladie, mentir. Au contraire, je trouvais ça normal qu’ils sachent pourquoi je partais.
Comment s’est passé votre retour au travail ?
J’ai repris en mi-temps thérapeutique à partir de janvier 2014 : deux jours en entreprise et une demi-journée en télétravail. Ces sont mes responsables – les mêmes qu’à mon départ – qui me l’ont proposé et m’ont trouvé une mission adaptée. Ils ont eu entièrement raison. Je sentais parfois que je pédalais, que j’étais moins réactive. Ma concentration et ma capacité à gérer un volume de travail important ont été impactées par les traitements et la maladie. Je le sens encore.
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
J’ai quitté cette société, pour d’autres raisons que ma maladie. Il fallait que je me renouvelle. Un jour, j’ai reçu l’appel d’une entreprise intéressée par mon profil. Dès le premier entretien, j’ai raconté ce qui m’était arrivé. Leur réaction a été aussi simple et claire : c’était moi, mon parcours, mes compétences qui les intéressaient. J’ai commencé à travailler pour cette société, Chrymelie, en février 2017. Depuis, mes responsables m’écoutent, me soutiennent et se battent pour moi. Ils ont toujours fait en sorte que je puisse adapter mon travail à ma situation. C’est exactement ce que je cherchais : une entreprise avec des ambitions à taille humaine, capable de répondre aux besoins et aux sollicitations de chacun de ses collaborateurs.
Bonne pratique
Peu de temps après son embauche chez Chrymelie, Amélie Couraud a proposé à ses employeurs de devenir partenaire de Cancer@Work. L’association, créée en 2012 par Anne-Sophie Tuszynski et reconnue d’intérêt général, est un club d’entreprises dédié au problème du cancer.
Parmi ses objectifs et actions : sensibiliser entreprises, dirigeants, managers et salariés ; partager les bonnes pratiques et réflexions à l’occasion de colloques et ateliers de co-construction ; mesurer l’impact des actions et l’intégration de la question du cancer en entreprise à travers des baromètres, études et label ; soutenir et accompagner la réinsertion des demandeurs d’emploi et personnes fragilisées par un cancer. L’association organise par exemple des job datings avec des personnes qui ont été ou sont malades du cancer et cherchent du travail.
Aujourd’hui, près d’une centaine d’entreprises (dont de grands groupes comme Elior, Altran, SNCF, Canal+, Roche, etc.) ont rejoint Cancer@Work et s’engagent de manière formelle, auprès de leurs salariés, en intégrant à leur fonctionnement et organisation la question du cancer et de la maladie au travail.
Article rédigé par Alexandre Anquart en partenariat avec le média We Demain.