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Publié le 08.11.2019

De la participation des salariés à la cogestion d’entreprise

Plus les salariés sont associés aux décisions, plus ils s’impliquent. Dans leur essai, La participation des salariés, Patricia Crifo et Antoine Rebérioux explorent les pistes pour réévaluer le rôle des salariés au sein des entreprises.

Les auteurs prennent acte de la récente Loi Pacte qui redéfinit le rôle de l’entreprise. Si la création de richesses reste sa vocation première, sa responsabilité est élargie à d’autres préoccupations, de nature sociétale et environnementale. Aujourd’hui, l’entreprise doit contribuer au bien-être de la société et avoir un impact positif sur la vie des citoyens. Pour atteindre ces objectifs, elle doit satisfaire l’ensemble de ses parties prenantes : clients, actionnaires… et salariés.

Optimiser le capital humain

Le secteur privé comptait en 2018 en France 19,4 millions de salariés. Tous ces acteurs ne sont plus de simples exécutants ; ils sont de véritables partenaires avec « la légitimité et l’impact nécessaires pour être impliqués, non seulement au niveau opérationnel et organisationnel, mais également au niveau financier, décisionnel et stratégique ».

L’ancien modèle basé sur la subordination a vécu et si l’entreprise veut être aujourd’hui plus productive et plus efficace, elle doit répondre à la quête de sens et d’autonomie de ses salariés. Leur engagement et leur créativité dépendent de la prise en compte de ces aspirations. Cette somme de compétences, d’expériences et de savoir, qui constitue le capital humain, doit s’épanouir dans une gouvernance de plus en plus horizontale qui favorise l’intervention des salariés à tous les échelons de décision de l’entreprise.

De la participation des salariés à la cogestion d’entreprise

 

Les quatre piliers de la participation

Pour étayer leur démonstration, les auteurs explorent tour à tour les différentes formes de participation des salariés à la gouvernance de l’entreprise.

  • L’organisation du travail
  • La qualité du dialogue social
  • La participation financière
  • La présence des salariés dans les instances

 

  • Une organisation du travail plus participative
     
    Les entreprises se tournent vers des pratiques dites « hautement performantes » ou dans sa version anglaise « High performance work practices (PHP) » qui sont orientées vers le développement de l’autonomie du salarié et s’appuient sur des pratiques participatives. Ainsi, les entreprises mettant en place un modèle apprenant ou lean production consultent les salariés pour la fixation de leurs objectifs et leur permettent d’influencer les décisions importantes dans leur travail.
  • Un dialogue social plus actif
     
    Le nouveau CSE est doté de prérogatives importantes. Cet organe central du dialogue social est obligatoirement consulté sur trois thèmes majeurs : la situation économique et financière de l’entreprise ; la politique sociale et les conditions de travail ; l’emploi.
  • Une participation financière plus équitable
     
    Ces mécanismes de partage de profits : participation, intéressement, actionnariat salarié constituent des compléments de rémunération qui ont une influence sur la motivation et l’implication des salariés. Ces primes sont par ailleurs liées au développement des PHP qui mobilisent les travailleurs.
  • Une gouvernance d’entreprise cogérée
     
    Voilà peut-être la brique essentielle dans la construction d’une véritable démocratie sociale. Les auteurs voient en tout cas dans ce principe de codétermination, c’est-à-dire la représentation des salariés au sein des conseils de surveillance ou d’administration, « la forme la plus aboutie de participation des salariés aux décisions ». Pour autant, cette présence doit s’accompagner d’une réflexion qualitative en termes d’expertise, de diversité, d’éducation, de créativité, de parcours des participants.

 

L’entreprise tire-t-elle de réels bénéfices de ces pratiques ? En tout cas, elles induisent une complémentarité des parties prenantes qui évite le repli sur soi de l’entreprise et fait converger les intérêts des salariés et des actionnaires.