Pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations liés à l’âge, le site RetirementJobs.com, spécialisé dans l’emploi des seniors, a décidé de créer un label “age-friendly”. Objectif : classer les 500 plus grandes entreprises américaines en fonction du pourcentage de seniors présents dans leurs effectifs.
Dis-moi quel est ton classement sur le site RetirementJobs.com, je te dirai si tu es une entreprise “amie” des seniors. Aux Etats-Unis, ce site spécialisé dans les petites annonces pour les plus de 50 ans a décidé de créer un label “age-friendly” pour mettre en avant les entreprises bienveillantes envers les seniors. Une façon de lutter contre le jeunisme en cours dans certains secteurs, comme la tech, mais aussi de combattre les stéréotypes liés à l’âge.
Une étude menée en 2016 aux Etats-Unis souligne ainsi qu’encore trop de seniors subissent une discrimination à l’embauche. Mais les quinquas n’ont pas dit leur dernier mot !
RetirementJobs a décidé de s’attaquer au problème de l’employablité des travailleurs plus âgés avec un procédé nouveau. A l’opposé d’une logique de “name and shame”, qui consisterait à épingler publiquement les entreprises coupables de discrimination, le site s’attache à montrer les bons élèves. En tête du classement (disponible ici), on retrouve aussi bien des universités ou des établissements publics que des entreprises privées, comme Starbucks, Office Depot ou Madame Tussauds Hollywood.
Quand les seniors notent leur entreprise
Pour apparaître dans ce classement et être labellisée « age-friendly », une entreprise doit répondre à 12 critères précis sur ses pratiques de management, de formation, d’aménagement d’horaires et d’organisation du temps de travail, de diversité des salariés, d’employabilité des plus de 50 ans ou encore d’assurance santé (un must outre-Atlantique), etc. Bref, apporter la preuve qu’elle est une entreprise engagée et bienveillante envers ses salariés plus âgés.
Une politique de transparence complétée par un système de notation et des commentaires d’anciens salariés, à la manière de n’importe quel site de e-commerce. « Starbucks embauche à n’importe quel âge à partir de 18 ans. J’ai 71 ans et j’ai été embauché pour la première fois (par la chaîne) à 62 ans. Dans mon coin, il y a beaucoup d’autres Starbucks avec des employés de plus de 50 ans », explique ainsi un anonyme.
Et gare aux entreprises qui ne respectent pas leurs seniors ! Les mauvais commentaires, visibles par tous, font chuter les notes et renvoient une image écornée des entreprises épinglées (comme ici Verizon). Les meilleurs élèves décrochent ainsi le label “age-friendly”, une distinction honorifique qui pourrait prendre de la valeur alors que se développe la silver economy.
L’employabilité des seniors, un enjeu d’avenir
L’emploi des seniors est un véritable enjeu aux Etats-Unis, où certaines projections annoncent que les plus de 65 ans seront aussi nombreux que les 25-44 ans et les 45-64 ans à travailler en 2060.
Résultat : les entreprises américaines multiplient les plans d’action pour embaucher plus de seniors et certaines revendiquent fièrement leur étiquette “age-friendly” tandis que l’emploi des seniors devient un business florissant, avec ses coach, ses livres, ses sites spécialisés (WorkForce50) et même sa communauté.
La France n’en est pas encore là. Mais avec un âge de départ en retraite qui pourrait passer à 64 ans d’ici la fin des années 2030 (d’après les projections du Conseil d’orientation des retraites), la place des seniors dans le marché du travail va s’accentuer. Pour doper l’emploi des seniors, le label Emploi 45 + a été lancé à titre expérimental dans le Val-de-Marne en septembre dernier. Il permet d’identifier et de valoriser « les entreprises qui recrutent aussi des jeunes de plus de 45 ans ». Les entreprises intéressées peuvent s’enregistrer et télécharger un questionnaire sur le site Internet dédié. Elles sont ensuite reçues au cours d’un entretien pour évaluer quatre types d’actions : l’état du recrutement, les modalités de recrutement des 45 ans et plus, les modalités d’intégration ainsi que les démarches de propositions dans lesquelles elles s’engagent.
Deux entreprises ont été labellisées en mai : Keolis Seine Val-de-Marne, qui gère cinq lignes de transport de voyageurs entre le Val-de-Marne et l’Essonne, et Bonabio, une PME du marché de Rungis spécialisée dans l’import de fruits exotiques.
Les premiers d’une longue liste ?