Un rythme de travail qui s’intensifie, une vie professionnelle qui empiète davantage sur la vie perso, une inquiétude grandissante pour les proches face à un virus qui circule toujours sur le territoire ou encore une crainte de perdre son emploi… de nombreux facteurs de risques psycho-sociaux (RPS) sont aujourd’hui dans le rouge.
Comment les ressources humaines font face à cette recrudescence des RPS et accompagnent les entreprises et leurs salariés ? Zoom sur les bonnes pratiques de l’entreprise marseillaise Kaporal.
Faire un état des lieux
On ne conseille jamais assez de faire un état des lieux de l’entreprise, du moral des salariés et des possibles manques en termes d’équipement. C’est en tout cas ce que conseille le service des ressources humaines de Kaporal, la marque des fameux jean’s.
« Il faut mesurer ce qui est mesurable. Nous avons au total 120 employés, divisés en deux catégories : les salariés des showrooms et ceux du siège. Leurs préoccupations sont naturellement différentes », déclare Emmanuelle Germani, directrice des ressources humaines et du service informatique.
Il existe parmi les salariés français de nombreuses peurs et inquiétudes. Selon le baromètre absentéisme mensuel de Malakoff Humanis réalisé de mars à juillet 2020, 56 % des salariés appréhendent le retour en entreprise. Une appréhension qui se retrouve chez les salariés de Kaporal :
« Dans les showrooms, la principale préoccupation des salariés est le manque de matériel d’hygiène comme les masques ou le gel hydroalcoolique. À contrario, au siège, situé à Marseille où l’épidémie est très présente, les salariés dont la moyenne d’âge est plus élevée sont plus anxieux au sujet de la propagation de la maladie en elle-même », confirme Jessica Cavazza, responsable des ressources humaines au sein de la marque.
Alors comment accompagner les salariés ?
L’écoute et la communication accrues
L’écrivain allemand Goethe disait : « parler est un besoin, écouter est un art ».
La philosophie post-crise du service des ressources humaines de Kaporal, épouse ces deux fonctions du langage soulevées par l’auteur germanique.
« Nous avons dès le déconfinement mis en place un plan de communication autour de notre newsletter interne. Mais au fur et à mesure, les mois s’écoulaient et l’angoisse était toujours présente. Pour répondre aux questionnements des salariés en showrooms et au siège, nous avons réalisé un live RH sur Teams, accompagné d’une psychologue du travail »,
Emmanuelle Germani, DRH de Kaporal
A la suite de ces échanges, des entretiens individuels avec la psychologue du travail étaient possibles.
Pour assister les salariés de manière plus personnelle, le service des ressources humaines a donc misé sur la psychologue et la médecine du travail, en parallèle d’un questionnaire de connaissances autour des mesures misent en place. « C’est important de continuer la pédagogie autour du virus et de la politique de l’entreprise. De cette manière nous pouvons mieux prendre en charge les angoisses futures », nous confie le service, avant d’ajouter : « Pour alléger les angoisses, nous misons sur le concret. Pour les showrooms par exemple, nous avons digitalisé pour la première fois notre catalogue ».
Toutefois, Emmanuelle Germani et Jessica Cavazza ne sont pas seules. Elles misent aussi sur les managers de Kaporal.
Miser sur le trio gagnant
« Selon moi, le trio gagnant pour prévenir et agir sur les risques psychosociaux repose sur : les managers, les ressources humaines et la médecine du travail », déclare sans détour la DRH.
Et de miser sur la formation des managers ?
Les managers sont le relais des salariés dans l’entreprise. Surtout lorsque des collaborateurs sont encore en télétravail. Grâce à ce trio, nous n’avons pas été témoin d’une augmentation de l’absentéisme.
Emmanuelle Germani, DRH de Kaporal
Cette pierre angulaire a permis de déjouer bien d’autres choses : « grâce à la médecine du travail, les outils DRH et les managers nous avons pu faire face à une vague de « fake news » autour des masques. Et de réexpliquer ainsi leur efficacité », conclut Emmanuelle Germani.
En pleine crise, les ressources humaines et la médecine du travail traversent donc des zones de turbulences. Mais grâce à la prévention, au travail d’équipe et aux managers, l’entreprise réussit à accompagner les salariés… jusqu’à un atterrissage que nous espérons le plus en douceur possible.