La crise sanitaire a notablement fragilisé de nombreux salariés : certains ont été les victimes directes ou indirectes du virus, d’autres ont vu leurs conditions de travail considérablement changer. Les entreprises ont dû composer avec la crise, ce qui a nécessairement eu un impact sur leurs salariés. Aujourd’hui, alors que la situation semble peu à peu revenir à la normale, quel bilan le prisme de l’absentéisme nous permet-il de dresser sur la santé mentale des salariés français ?
Bien comprendre ce que l’on appelle absentéisme au travail
L’absentéisme au travail est un indicateur auquel les ressources humaines ont tendance à être particulièrement attentives, car il est perçu généralement comme un bon indice du climat social d’une entreprise. Pour le calculer, il est généralement admis d’omettre toutes les absences prévues des salariés (c’est-à-dire les congés, les périodes de formation, les grèves…), puis d’utiliser la formule : (nombre d’heure d’absences de la période / nombre d’heure de travail théorique sur la période) x 100. Le plus souvent on utilise un mois ou une année comme période. C’est avec cette méthode que l’on arrive à un pourcentage d’absentéisme, relatif aux masses d’heures travaillées.
L’absentéisme au travail a augmenté de 20 % en 2020
Notamment rapporté dans un article publié par BFM.TV, l’absentéisme au travail moyen serait passé de 4,18 % en 2019 à 5,04 % en 2020, soit une augmentation de presque 20 % sur un an. 34 % des salariés auraient ainsi déposé au moins un arrêt au cours de l’année, alors qu’ils étaient au maximum 28 % par an sur la période 2016 – 2019. C’est en tous cas le constat qu’amène Gras Savoye Willis Towers Watson, qui réalise chaque année une étude sur la thématique de l’absentéisme, par l’observation de plus de 350 000 salariés dans 700 entreprises
Cette brutale augmentation est évidemment à mettre en lien avec la crise de la COVID-19. Comme le souligne l’article, le taux d’absentéisme au travail a culminé à 10 % sur la période mars – avril 2020, au cœur de la crise sanitaire. Une augmentation venant s’ajouter à la liste des déficits ayant dû subir les entreprises tout au long de la crise. En effet, l’absentéisme au travail provoque des coûts importants, comme le maintien d’un salaire, le recrutement d’un remplaçant, la réorganisation d’une équipe… Cela représente une charge considérable pour les entreprises : comme le souligne cet article publié par Les Échos, son coût est évalué à 107 milliards d’euros par an en moyenne, soit 4,7 % du PIB national, et ce hors période COVID.
L’impact de la crise sur l’absentéisme au travail
Il y a une corrélation évidente entre le pic d’absentéisme de l’année 2020 et la crise du coronavirus. Comme le souligne L’Argus de L’Assurance, le confinement a eu pour conséquence directe une augmentation ponctuelle mais nette de l’absentéisme au travail. En particulier du fait de la fermeture des écoles et de la nécessité pour certains parents de demander des arrêts dérogatoires pour la garde d’enfant. Venant, s’ajouter à cela, les arrêts pour venir en aide à un proche, les arrêts prolongés dû à la COVID-19 et ceux causés par des situations de stress en lien avec le virus.
C’est sans surprise que l’on peut observer que c’est auprès des travailleurs non-cadres que l’absentéisme au travail a augmenté le plus significativement sur la période observée. Comme souliné par l’article de L’Argus précédemment cité, l’absentéisme chez les non-cadres est passé de 5,7 % en 2019 à 7,05% en 2020, alors que celui des cadres est « seulement » passé de 2,17 % à 2,42 %. Une différence mettant plusieurs facteurs en cause, dont l’impossibilité pour les non-cadres de télétravailler et leur plus grande exposition aux risques sanitaires. En effet, les non-cadres ont eu tendance à être plus impactés par la crise : de par la nature de leurs activités présentant des risques sanitaires plus grands ; et, comme le montre cet article de viepublique.fr, de par leur appartenance plus fréquente à des milieux modestes, plus durement touchés par la crise.
Enfin, si l’on délimite encore plus précisément les critères d’observation, il est possible d’observer que ce sont les professionnels de santé, pris au cœur de la tempête, qui ont connu le taux d’absentéisme le plus élevé l’année passée. L’article de BFM.TV cité précédemment le montre bien, ces derniers ont connu un taux d’absentéisme moyen de presque 10 % !
L’absentéisme au travail au lendemain de la crise
Malheureusement pour les entreprises, il ne semble pas que la tendance s’annonce à la décroissance en ce qui concerne l’absentéisme au travail. En effet, comme l’explique 20 Minutes dans cet article, la crise sanitaire a laissé un certain nombre de séquelles et a fragilisé de nombreux travailleurs. Pour beaucoup, la crise a été une période de grand stress et a pu engendrer des états de dépression ou de détresse. Pour d’autres, encore moins chanceux, la crise a été synonyme de deuil, de burn-out, voire du retard de diagnostic d’une maladie grave en raison de la surcharge hospitalière.
Enfin, la rentrée est également porteuse de nouvelles angoisses. Si, comme le dit 20 Minutes, la question de l’obligation du passe sanitaire ne semble pas être un problème majeur, il reste que le retour au bureau est parfois mal vécu. L’ombre du variant Delta continue de planner sur la France et le nombre de contaminations par jour reste relativement élevé.
Réduire l’absentéisme grâce à un cadre de travail bienveillant
Pour faciliter le retour au bureau de leurs salariés dans de bonnes conditions, les entreprises peuvent mettre en place des mesures favorisant le bien-être de leurs employés et ainsi réduire l’absentéisme. En premiers lieu, les entreprises ont évidemment le devoir d’assurer à leurs employés un cadre sanitaire parfaitement sécurisé, par le strict respect des préconisations gouvernementales.
De plus, plusieurs méthodes ont fait déjà fait leurs preuves pour améliorer les conditions de travail au sein d’une entreprise. Le magazine Challenges a notamment publié des articles sur la possibilité d’utiliser des méthodes de management innovantes, comme le soft management, ou sur les nombreux bénéfices en terme de bien-être que peut apporter une refonte ergonomique des environnements de travail.