Qu’est-ce que la crise du Covid-19 a changé en matière de prévention santé dans les PME ? Quels impacts a-t-elle eu sur les dirigeants, mais aussi sur les salariés ? Quelles actions mener désormais ? Découvrez le témoignage de Stéphane Gigou, DRH de FDI Groupe, un opérateur immobilier dont le siège est à Montpellier, et qui compte environ 200 collaborateurs, répartis entre plusieurs filiales.
Quelles initiatives aviez-vous déjà prises, avant la crise du Covid-19, pour agir de manière préventive en matière de santé au travail ?
La prévention santé a toujours été au cœur d’un vrai dialogue en interne, notamment au niveau de la DRH et du CSE. Il y a quelques années, nous avions, par exemple, sollicité la médecine du travail pour nous aider à choisir du mobilier ergonomique pour nos bureaux.
Nous organisons aussi régulièrement des réunions sur des thèmes comme la nutrition, le sommeil, l’arrêt du tabac, les aidants… Nous aimons enfin solliciter des acteurs locaux. Avant la crise, nous avions, par exemple, l’habitude de faire venir des libraires indépendants pour qu’ils parlent leurs coups de cœur sur le temps de la pause-déjeuner. Ce genre d’événements conviviaux contribue également au sentiment de bien-être de nos collaborateurs.
Aviez-vous mis en place des actions spécifiques pour la direction ?
Oui, il y a deux ans, nous avions réalisé un check up santé de nos dirigeants. Cette action a été très bien accueillie et bien perçue. Les membres du comité de direction ont ainsi réalisé des examens médicaux, et répondu à des questionnaires. J’ai apprécié que la santé physique ne soit pas la seule prise en compte dans ce bilan.
Il y a beaucoup de choses que l’on sait que l’on doit faire, mais on ne prend souvent jamais le temps, surtout quand on est dirigeant. Or, pour prendre soin des autres et cultiver la bonne santé de son entreprise, il faut aussi prendre soin de soi. Je pense désormais refaire ce check up tous les 3 ans. La santé du dirigeant conditionne la santé de ses salariés et de son entreprise, c’est un cercle vertueux.
Quels effets de la crise avez-vous pu remarquer sur la santé de vos cadres?
Le télétravail ne faisait pas partie de la culture de notre entreprise. Le premier confinement a donc été un saut dans le grand bain. Les managers de proximité ont été très sollicités, notamment lors de réunions, pour réorganiser les services et répondre aux demandes de leurs équipes. Nous avions amorcé une formation mangement début 2020 avec une vingtaine de collaborateurs.
Lors de la crise sanitaire, nous avons profité de celle-ci pour les accompagner en les réunissant pour faciliter les échanges entre pairs sur les bonnes pratiques et leurs retours d’expérience.
Face aux risques d’isolement, à la montée du stress, nos salariés ont pu également bénéficier d’une ligne d’écoute psychologique et de webinaires pour garder des temps d’échanges même à distance.
Nous souhaitons conclure un accord sur le télétravail cette année. A cette occasion, nous réaliserons des guides de bonnes pratiques pour les salariés et les managers afin que tout le monde réussisse à bien télétravailler.
Et vous, quels impacts la crise sanitaire, et sa gestion en tant que DRH, a-t-elle eu sur votre santé ?
La crise sanitaire et ses impacts, notamment la fermeture des sites et les confinements, ont généré paradoxalement une surcharge de travail. Il a fallu gérer le volet administratif de la gestion de la paie, avec une réglementation qui évoluait chaque jour. Cette période d’incertitude a suscité de nombreuses questions chez les collaborateurs. Car si l’activité ralentissait ou s’arrêtait, la paie, elle, devait être versée dans les mêmes délais ! Mes équipes ont répondu présent, ce dont je ne doutais pas. Quant à moi, cette période a généré à la fois du stress mais elle a été source de richesse.
Le télétravail et les mails reçus en avalanche font exploser les frontières spacio – temporelles du travail et augmente de facto le niveau de stress d’un dirigeant soumis toujours aux urgences des situations.
Mais le tableau n’est pas tout noir. Pendant cette crise, nous avons également pu progresser car nous avons dû nous adapter et innover. Et le Comité de Direction qui était déjà soudé en est ressorti encore davantage uni, avec une volonté d’aller de l’avant.
Comment avez-vous fait pour tenir le coup ?
Pour rester efficace et efficient autant que possible, le sport a été un bon échappatoire qui permet de préserver la frontière entre vie pro et vie perso qui se brouille avec la pratique du télétravail. C’est sans doute pour cela que je reste vigilant quant aux risques générés par le travail à distance. Ne mélangeons pas tout. Avec les nouvelles technologies, nos vies sont déjà assez perméables ainsi. Les coupures sont nécessaires pour se régénérer.
Quelles sont vos priorités en termes de santé au travail dans les mois à venir ?
Pour faire le point sur la santé de nos collaborateur, nous allons lancé, début 2022 (si tout se passe bien) un Baromètre de sortie de crise. Nous avons embauché plus de 30 CDI en 2020, c’est important de réaliser ce bilan pour savoir comment vont nos collaborateurs et recueillir leurs ressentis en matière de qualité de vie au travail. J’ai aussi à cœur de reprendre nos activités sportives : nous sponsorisons des courses caritatives. C’est une manière de lutter contre la sédentarité : être bien dans son corps pour être bien dans sa tête ! Mais ces événements sont aussi l’occasion de renforcer les liens au sein des équipes. Le sport est un vrai atout pour le collectif.