Espace de solidarité et de convivialité dédié aux aidants familiaux, la Ressourcerie a vu le jour en avril 2019, à Bordeaux. Imaginée et conçue par le groupe de protection sociale Malakoff Humanis comme une expérimentation sociale et solidaire, quel bilan et quels enseignements peut-on en tirer aujourd’hui ? Iris Redureau, chargée de communication de la structure, lève le voile.
Parmi les axes prioritaires que s’est fixé Malakoff Humanis dans sa stratégie d’entreprise, le soutien aux aidants arrive en tête, tant l’enjeu sociétal est de plus en plus prégnant. Dans l’éventail des dispositifs mis en place par le groupe, la Ressourcerie fait figure de laboratoire d’expérimentation.
La Ressourcerie, un tiers-lieu ouvert à tous
Situé dans le centre-ville de Bordeaux, la Ressourcerie est un tiers-lieu pour échanger, apprendre, s’évader et soulager son quotidien. Conçue en premier lieu pour les personnes accompagnant un proche, elle est accessible à tous. Les visiteurs y trouvent du répit, de l’entraide et l’envie d’agir pour se ressourcer.
Mais concrètement que propose-t-on à la Ressourcerie ?
La Ressourcerie propose de nombreuses activités culturelles comme la visite de musées, des ateliers créatifs allant de la peinture au tricot ou encore des modules dédiés au bien-être, comme la sophrologie et la relaxation sportive. Le but ? Prendre du temps pour soi et créer du lien.
Iris Redureau précise : “Nous sommes trois personnes à temps plein, épaulées par une psychologue une fois par semaine. Si le lieu est ouvert à tous, on peut aussi devenir adhérent pour un montant de 29 euros par an ce qui permet d’accéder à des tarifs réduits sur les activités et de bénéficier si besoin d’un accompagnement psychosocial.” L’adhésion au lieu signifie également l’adhésion à ses valeurs – la solidarité, l’entraide, la bienveillance. Elle implique d’être régulièrement sollicité dans le cadre de la co-construction du projet: pour participer à des ateliers de travail, répondre à des questionnaires, formuler des propositions d’amélioration etc.
La Ressourcerie mise sur un cadre désinstitutionnalisé, associée à une ambiance chaleureuse et conviviale; une atmosphère propice à l’établissement d’une relation de confiance avec l’équipe d’animation et d’accompagnement présente dans le lieu, qui détecte les situations de fragilité, souvent de manière informelle.
Quand ils en expriment le besoin ou l’envie, les usagers peuvent alors être accompagnés sur le plan social et/ou psychologique; en fonction du diagnostic de situation se met en place un accompagnement individuel, sur le plus ou moins long terme, au cours duquel sont proposées des solutions adaptées et en lien avec l’écosystème local, qui permettent également aux aidants de se libérer du temps pour se rendre sur le lieu et participer aux activités.
Depuis sa création en 2019, le succès est au rendez-vous et ce malgré le contexte sanitaire actuel.
“Aujourd’hui, après un an et demi d’ouverture, et malgré les aléas dus à la crise du Covid, la Ressourcerie compte 600 visiteurs uniques et 140 adhérents. Depuis le début de l’aventure, 170 aidants ont été accompagnés. Le lieu a trouvé son public et semble vraiment répondre à une demande grandissante” se réjouit Iris Redureau.
La Ressourcerie permet de repérer des aidants qui ne s’identifient pas comme tels
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les aidants disposant du statut ne sont pas majoritaires et représentent 30 % des visiteurs réguliers. Iris Redureau ne s’en étonne pas vraiment : « la plupart de nos adhérents et des personnes qui viennent à la Ressourcerie ne se reconnaissent pas comme aidants, de prime abord. C’est en venant ici, en discutant et en se faisant accompagner qu’ils en prennent conscience et décident d’entamer ou non des démarches ». En revanche, comme souvent, la population est majoritairement féminine (85 %) et souvent retraitée.
Pour autant, la chargée de communication de la structure note une évolution nette depuis le début de la pandémie : beaucoup plus de demandeurs d’emploi ou de salariés en burn-out franchissent le pas de la porte du tiers-lieu, et la moyenne d’âge diminue, elle est aujourd’hui de 54 ans.
Selon Iris Redureau, pour toucher davantage la population des salariés aidants, il faudra maintenir l’effort sur l’élargissement des horaires d’ouverture en soirée ainsi que l’ouverture certains samedis.
Un des chantiers auquel la Ressourcerie compte bien s’attaquer en 2021, forte de l’approbation qu’elle vient d’obtenir de Malakoff Humanis le 3 décembre dernier.
Une démarche qui pourrait être déployée dans le monde de l’entreprise ?
Si en l’état, la Ressourcerie s’adresse pour l’instant plus spontanément aux citoyens et aux aidants hors salariat, une expérimentation de Ressourcerie hors les murs à destination des salariés aidants est en cours. En capitalisant sur ses valeurs et les critères de réussite du projet, la Ressourcerie teste actuellement la mise à disposition d’un dispositif clef en main adaptable selon la segmentation et le secteur d’activité de l’entreprise. Le but ? Faire goûter au temps pour soi en entreprise et apporter des informations et du conseil aux salariés. Et pour cause, les salariés aidants ayant encore moins de temps et plus de besoins d’accompagnement que les autres. Pour demeurer attractive socialement et performante économiquement, l’entreprise responsable a donc tout intérêt à investir et à prendre soin de ce besoin grandissant chez ses collaborateurs.