Engagement des salariés et attractivité des entreprises : quel hiatus entre salariés et dirigeants ?

Mardi 28 mars s’est tenue une émission spéciale « Engagement des salariés & Attractivité des entreprises » en Live sur LinkedIn autour de la nouvelle enquête, réalisée par Harris Interactive pour Malakoff Humanis, auprès de 1500 salariés et 450 dirigeants d’entreprises du secteur privé : une étude riche d’enseignements qui soulève plusieurs questions et analyse les nouveaux enjeux relatifs à la fidélisation et l’attractivité dans les entreprises.

Anne-Sophie Godon-RensonnetAnne-Sophie Godon-Rensonnet, Directrice des services et du département études et recherches sur la performance sociale des entreprises chez Malakoff Humanis, nous livre son analyse.

Cette étude du groupe Malakoff Humanis est une première. Pourquoi avoir décidé d’explorer la question de l’engagement des salariés ?

L’engagement des salariés dans leur travail ou envers leur entreprise est une question d’actualité dans de nombreuses entreprises voire de nombreux pays. Pour autant, ce n’est pas un sujet nouveau et nos études y ont consacré une place importante dans le passé. Depuis quelques mois, les entreprises sont confrontées à des défis importants en matière de recrutement et de fidélisation des salariés. Dès l’après confinement, on a vu apparaître des difficultés importantes dans certaines activités comme par exemple la restauration. Puis, on a commencé à entendre parler du phénomène de grande démission. Cette étude nous montre que celle-ci n’a d’ailleurs pas réellement eu lieu puisque seul 1 salarié sur 5 déclare avoir démissionné durant les 2 dernières années. Cela concerne particulièrement les plus jeunes et les salariés des grandes entreprises. 

Nous sommes régulièrement saisis de ces questions par nos entreprises clientes. Nous sommes convaincus que la protection sociale peut jouer un rôle majeur.

Quels changements dans le rapport au travail observe-t-on ces dernières années ?

Le COVID a fait évoluer le quotidien pour de nombreuses entreprises et salariés. Il a été un accélérateur de déploiement du télétravail pratiqué aujourd’hui de manière régulière par près d’un salarié du privé sur deux. Le télétravail change le rapport que l’on a au travail. Il contribue à renforcer ou faire naître de nouvelles attentes et en premier celle de la flexibilité… Depuis l’an dernier est venu s’ajouter un nouveau contexte : celui de l’inflation, et de la guerre en Ukraine qui créent de l’anxiété, accentuent les difficultés personnelles et renforcent le besoin de protection.

52 % des salariés déclarent ainsi que leur rapport au travail a changé ces 2 dernières années, avec des attentes en matière de flexibilité, mais également des attentes en matière de salaire et d’équilibre vie pro / vie perso. Rien de très surprenant. D’ailleurs, on observe là un alignement avec les perceptions des dirigeants. Le vrai hiatus se situe entre les actions que les entreprises mettent en œuvre pour fidéliser leurs salariés et les attentes de ces derniers.

Comment expliquer ce hiatus ?

De leur côté, les salariés ont des aspirations avant tout individuelles, avec des critères de fidélisation prioritaires comme la protection sociale, les conditions de travail et les avantages sociaux. Et les entreprises se concentrent davantage sur le collectif, avec comme priorité l’accueil de nouveaux arrivants, ou la reconnaissance des collaborateurs. On est aussi, côté salariés, sur des demandes concrètes et de court terme, quand les entreprises agissent sur un temps plus long en s’attaquant notamment à la diversité, l’inclusion, etc.

Mais attention, il est important de nuancer ces écarts en fonction des secteurs, des tailles d’entreprises et aussi des générations ! C’est toute la richesse de cette étude qui témoigne d’une forme d’éclatement : les plus jeunes vont par exemple davantage prioriser équilibre de vie et plaisir par rapport au salaire, privilégié par les plus âgés. Les petites entreprises, de leur côté, vont s’avérer moins en décalage que les grandes dans leurs réponses aux attentes des salariés. Le souhait par exemple d’exercer une activité avec plus de sens est plus importante dans les entreprises de plus de 1000 salariés (citée par 59 % des salariés) ; de même le souhait de se reconvertir (cité par 56 % des personnes). Quant à la fidélisation, on observe qu’elle est prioritaire pour les entreprises de moins de 10 salariés, moins pour les entreprises de plus 250 salariés. 

Quel enjeu pour les entreprises ?

Elles doivent être à l’écoute. Quelle que soit leur taille. La proximité avec les salariés est en ce sens un véritable atout pour les plus petites entreprises. Pour comprendre les évolutions qui vont se poursuivre et faire preuve de pragmatisme, le dialogue social est plus que jamais important.

  • Engagement en entreprise : hiatus entre salariés et employeurs ?

    Replay du live Linkedin « Engagement et attractivité des entreprises : hiatus entre salariés et employeurs ? » diffusé ce mardi 28 mars.

    Pour en discuter, le journaliste David Abiker reçoit Anne-Sophie Godon-Rensonnet, notre directrice des services, qui partage avec nous les principales conclusions de notre étude Engagement. Elle est accompagnée d'Antoine Gauthier, dirigeant d'AG Métal, entreprise de métallerie-chaudronnerie et d’un expert, Philippe Vivien, vice-président du cabinet Alixio.

    L’occasion pour eux de réagir, de partager ce qu’ils observent sur le terrain ​et d'esquisser quelques réponses permettant une réconciliation des points de vue.

Engagement en entreprise : hiatus entre salariés et employeurs ?

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