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Publié le 12.01.2021

Comment identifier un salarié aidant ?

Manque d’information ou peur de la stigmatisation, il subsiste encore de nombreux freins pour que les salariés aidants se reconnaissent comme tels et le fassent savoir à leur entreprise. Pourtant, cette dernière a tout intérêt à identifier les collaborateurs dans cette situation et à les accompagner au mieux. Pistes de réflexion pour faire bouger les lignes.

Onze millions d’aidants en France accompagnent un proche dépendant (enfant, conjoint ou parent). La moitié d’entre eux doivent concilier vie professionnelle et rôle d’aidant. On les appelle les « salariés-aidants » et ils sont de plus en plus nombreux dans la population. Ils représentent même aujourd’hui près de 20% des salariés d’une entreprise.

Parmi eux, de nombreux aidants appartiennent à la « génération pivot » (45-64 ans) et sont encore salariés au moment où ils soutiennent leurs parents âgés en perte d’autonomie. Pourtant, si la société commence tout juste à le reconnaître, le salarié-aidant est encore souvent méconnu en interne, car 78% d’aidants de parents âgés ne parlent pas de leur situation à leur supérieur hiérarchique. En cause, de nombreux freins psychologiques, contextuels et structurels.

Le frein psychologique

Avant même d’évoquer la question de la reconnaissance en entreprise, il faut évoquer le cas de tous ces aidants qui le sont sans le savoir, c’est-à-dire pour qui aider son parent devenu dépendant tombe sous le sens et fait partie des valeurs fortes de la famille.

Ils sont aux prises avec deux problématiques psychologiques : à leurs yeux, se reconnaître aidant voudrait dire que ce n’est pas naturel, qu’ils demandent quelque chose en retour, quand pour eux c’est un acte d’amour. D’ailleurs, parmi les nombreux témoignages recueillis par la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel dans le cadre de la consultation pour la mise en place de la stratégie du gouvernement sur le sujet des aidants, une intervenante a bien résumé la chose: « Mais moi je ne suis pas aidante, je suis aimante !». On voit bien ce qui se joue là et le déni que cela peut faire naître chez les personnes concernées.

De la même manière, les aidants familiaux peuvent avoir des réticences à demander de l’aide car cela leur semble contradictoire avec le rôle qu’ils assument auprès de leurs parents. Toujours dans le même cadre, un autre intervenant relatait : « c’est à mon tour de les aider, d’assumer. Je ne vois pas qui pourrait m’aider moi et surtout comment ».

La peur de la stigmatisation et de ses conséquences

Souvent, ces freins psychologiques apparaissent dans les premiers temps de l’aidance, faisant ensuite place à un sentiment de solitude et d’impuissance quand ce nouveau rôle a été accepté par les intéressés. Les salariés-aidants font alors face à d’autres craintes dans le monde du travail.

La première est celle de la stigmatisation par les collègues, avec le sentiment diffus qu’être aidant est un handicap, voire quelque chose d’un peu honteux…

Mais la plus grande crainte touche à la carrière personnelle. Selon la dernière étude Malakoff Humanis sur les vulnérabilités des salariés, 41% des salariés-aidants ne le déclarent pas à leur supérieur hiérarchique par peur d’être « pénalisés dans leur évolution professionnelle ».

Cette peur est souvent renforcée par le fait que l’entreprise ne propose pas ou ne communique pas efficacement sur sa politique RSE en la matière. Les salariés-aidants ont alors l’impression que l’environnement de travail ne leur est pas favorable et s’épuisent à concilier leurs deux tâches, en silence.

Or, cette charge mentale et physique n’est pas sans conséquences : épuisement, stress, absentéisme (16 jours par an en moyenne), risques psycho-sociaux majorés, santé plus précaire… Ni le salarié-aidant ni même l’entreprise n’ont intérêt à maintenir ce statu-quo. Au contraire, une récente étude anglaise tend même à démontrer qu’un salarié-aidant bien accompagné par son entreprise devient un élément plus engagé et performant que la moyenne, avec de surcroît des qualités de polyvalence très précieuses.

Le rôle clé de l’entreprise vis-à-vis des aidants-salariés

Dès lors, il est évident que l’entreprise a tout intérêt à s’engager fortement en faveur de la reconnaissance de ses salariés-aidants. Si, pour l’heure, et avant la mise en place des mesures gouvernementales, il n’y a pas de solution idéale, certaines bonnes pratiques existent déjà. On l’a vu, pour se reconnaître aidant dans son entreprise, il faut se sentir en confiance, évoluer dans un climat social bienveillant. C’est tout l’enjeu de la libération de la parole en entreprise.

Pour cela, le service RSE, ou la DRH, ou encore le manager – selon le contexte, doit être en mesure d’initier le dialogue. Cela passe le plus souvent par la mise en place d’une plateforme d’entraide et d’échanges. Car les salariés-aidants ont avant tout besoin de communication. Ils ont aussi besoin de trouver la bonne information pour les aider dans leurs nombreuses démarches, voire d’un soutien psychologique.

Or, à l’heure actuelle, si les grands groupes ont déjà mis en place de nombreux dispositifs qu’ils enrichissent en ce moment à la faveur du plan gouvernemental, la plupart des PME accusent un léger retard… Qu’il est nécessaire de combler au plus vite.


Pour aller plus loin

Malakoff Humanis a créé la Ligne Info Aidant pour mieux accompagner tous ceux qui aident leurs proches dépendants.

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