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Publié le 20.09.2019

Redevenir maître de son temps

Notre rythme s’accélère et nous n’avons plus le temps de tout faire, au point de faire déborder les heures de travail à la maison ou sur le temps de transport. Comment gérer la superposition des temps et tenir le rythme ?

Écrire ou de relire une note dans le métro, vérifier ses mails dans le tram ou chez soi, même après ses heures de boulot, déjeuner devant son écran pour « finir un truc urgent »… Le quotidien d’un salarié est souvent fait de ces petits arrangements pour rattraper le temps qui file. Il faut dire que tout va plus vite dans notre société en pleine mutation, et le phénomène s’est accentué ces dernières années.

Nous courons tous après le temps

Selon la 11ème édition du baromètre de la Santé au travail de Malakoff Médéric Humanis, 46 % des salariés pensent que leur rythme de travail s’est accéléré, une progression de 5 points par rapport à 2015 ! Résultat : nous serions plus fatigués, 54 % des salariés se sentent épuisés par leur travail (+4 points par rapport à 2018), et contraints de courir après le temps.

Sans compter le manque de sommeil, temps de trajet pour se rendre au travail toujours plus long, délais à respecter et difficulté à concilier vie pro et vie perso, notamment pour les managers…Bref, le temps est devenu l’un des principaux vecteurs de tensions pour les salariés.

Un côté obscur de notre modernité bien analysé il y a quelques années par le sociologue Hartmut Rosa dans son essai Accélération. Selon lui, la permanente accélération de la société, loin de nous combler par ses progrès techniques, nous livre à une existence dénuée de sens et menacée d’épuisement. Avec de sérieux risques à la clé : déconcentration, stress, troubles du sommeil, perte d’efficacité, burn-out… Or, des solutions existent pour redevenir maître de son temps. « Ce n’est pas le changement qui génère cet épuisement, c’est la non prise en compte de l’humain dans sa mise en oeuvre », souligne Patrick Légeron, psychiatre et coauteur du rapport de l’Académie nationale de médecine sur le burn-out, publié en 2016.

Refaire du temps un allié dans son travail

Voici quatre solutions faciles à mettre en place pour mieux gérer son temps :

  • PRI-O-RI-SER
     
    Démêler l’important du tout-venant, et l’urgence du “peut attendre”… Tel est l’objectif de la “matrice des priorités”. Cet outil n’est certes pas neuf, mais il a fait ses preuves… à condition de savoir l’utiliser correctement. Simple d’utilisation – il suffit de classer toutes ses tâches à faire dans les 4 zones dessinés par les 2 axes Urgent et Important -, cette matrice est un incontournable de l’organisation, comme le décrypte Pascale Bélorgey, formatrice en efficacité professionnelle et gestion du temps, sur son site.
  • Reconnaître le bon moment
     
    Parce que travailler ne consiste pas à enchaîner les tâches mais à réaliser le bon travail au bon moment, comme l’explique cette vidéo qui résume le livre de Daniel Pink, Le bon moment, la science du parfait timing.

  • Faire une pause efficace
     
    Qu’est-ce qu’une pause efficace pour notre cerveau ? Des docteurs en neurosciences se sont penchés sur la question et selon eux, une bonne pause correspond à « être actif autrement ». Pour un travail manuel, c’est faire des pauses impliquant un certain niveau de réflexion, comme lire un livre. Pour un travail de réflexion au contraire, une bonne pause consiste à faire une activité manuelle ou physique, ou à interagir avec d’autres personnes. Bref, prendre le temps d’une petite balade dans la cour ou d’une pause-café avec un collègue.
     
    En revanche, il faut s’arracher de son poste de travail car c’est le fait de changer de contexte et d’activité qui permet de restaurer toutes ses facultés. Donc on perd l’habitude de regarder ses mails ou les réseaux sociaux pendant ses pauses si l’on travaille sur ordinateur. Mais comment savoir quand prendre sa pause ? Et bien, la fatigue étant parfois difficile à déceler, mieux vaut prévenir et s’astreindre à prendre ses pauses : par exemple, il suffit de mettre 3 post-it sur son bureau en début de journée, et d’en enlever un dès qu’une (vraie) pause est effectuée.
  • S’autoriser des moments de déconnexion
     
    Comme l’explique Bruno Patino dans son essai La civilisation du poisson rouge, « les outils numériques ont généralisé la capacité technique de faire plusieurs choses en même temps. La connexion permanente et la mobilité ont conquis le temps « inutile », dans les transports notamment. » Résultat : nous ne vivons plus dans un temps mais dans plusieurs, qui se superposent et se mélangent… et réduisent notre capacité d’attention, nous faisant sans cesse zapper d’une tâche à une autre et d’un écran à l’autre. Pour se réapproprier son temps, l’auteur a un remède : la déconnexion. Il s’agit de couper les écrans, le temps d’un repas, d’un rendez-vous ou d’un bon livre, sans culpabiliser. D’ailleurs, avez-vous vraiment vu ce mail qui vient d’arriver ?

 

Bref, lâcher-prise pour que le travail redevienne un espace de respiration.

 

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