En France, 32 % des plus de 18 ans sont bénévoles au sein d’une association et le temps consacré au bénévolat, lui, augmente de 4 % par an. Cet enthousiasme, les entreprises l’ont d’abord observé avant de s’en saisir. Conscientes de l’importance de la quête de sens chez leurs collaborateurs, elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à placer la notion d’engagement au cœur de leur stratégie. En tirent-elles également des bénéfices ? Petit tour d’horizon d’un mouvement positif en pleine expansion.
Sur 16 millions d’adultes bénévoles recensés dans le pays, 16 % sont mobilisés pour la défense de droits et de causes[1]. Autrefois réservé à la sphère privée, cet engagement trouve désormais une place au sein des entreprises. Bénévolat, mécénat de compétences, volontariat, les formes de l’engagement sont nombreuses[2]. Certains employeurs mettent en place des fonds de dotations ou des fondations pour structurer l’offre de mobilisation. « Les entreprises peuvent être des points de rencontre, mettant en lien des causes avec des collaborateurs », explique Sylvain Reymond, responsable expertise mécénat et investissements citoyens de l’association Les entreprises pour la Cité, qui anime un réseau de 300 entreprises engagées. Il arrive également qu’elles offrent des RTT ou des congés dits « solidaires ». Un dispositif national appelé « le congé d’engagement » est par ailleurs prévu dans le projet de loi « Égalité et citoyenneté », adopté en deuxième lecture fin novembre par l’Assemblée nationale. Il « permettra à tout dirigeant associatif de prendre un congé non rémunéré de six jours maximum par an[3].»
La recherche d’une politique RSE cohérente
La tendance chez les entreprises serait toutefois de formaliser les habitudes d’engagement des collaborateurs pour construire une politique de bénévolat cohérente vis-à-vis de la population d’entreprise. « L’intérêt de l’employeur ? Développer des actions en lien avec les attentes et les besoins de ses collaborateurs, détaille Sylvain Reymond. Celui du collaborateur ? Revendiquer, y compris dans le cadre de son travail, un certain nombre d’engagements extra-professionnels. » Il s’agit également de créer un lien plus direct entre les actions de bénévolat proposées et la stratégie RSE globale de l’entreprise. C’est ainsi que se développent de nouvelles formes de mobilisation, comme le mécénat de compétences, avec un engagement à la carte, qui s’opère dans le cadre du temps de travail ou en dehors. Aujourd’hui, 87 % des fondations qui mobilisent leurs collaborateurs proposent d’ailleurs à leurs salariés des missions centrées sur leurs compétences.
Une démarche gagnant-gagnant
S’engager aux côtés de ses collaborateurs permet à l’entreprise d’affronter plusieurs enjeux, notamment celui de l’image. Afficher son ouverture sur la société a un effet positif sur la marque employeur. L’action renforce aussi la cohésion sociale et répond à la quête de sens exprimée par les salariés. Hélène Zieglbaum, déléguée générale de la Fondation Kronenbourg, témoigne : « (…) les actions de la fondation permettent aux collaborateurs de découvrir leurs collègues sous un autre jour (…) et d’éprouver une certaine fierté pour leur travail, leur entreprise (…) » Sylvain Reymond ajoute : « C’est un levier de développement des compétences avec des salariés qui montrent des qualités qu’ils n’exploitent pas dans leur travail ». Enfin, l’entreprise engagée améliore son ancrage territorial, les salariés devenant des ambassadeurs locaux, et développe l’innovation sociale en croisant les savoir-faire. L’engagement des employeurs et salariés aurait ainsi un effet positif global sur l’entreprise. « Les entreprises qui placent l’impact social au cœur de leur stratégie sont les plus performantes et les plus innovantes dans la durée », conclut Clara Gaymard, administratrice chez Les entreprises pour la Cité. À l’heure où l’engagement à l’entreprise s’effrite, le bénévolat est une solution doublement bénéfique.
[1]http://www.jeunes.gouv.fr/interministeriel/citoyennete/benevolat/article/benevoles-en-france