Le comptoir mm a rencontré Isabelle Guyomarch, la Présidente du groupe CCI Productions, une entreprise qui adapte son organisation de travail aux salariés fragilisés.
Je suis la Présidente du groupe CCI Productions. CCI Productions est un groupe industriel : deux usines de fabrication de parfums et de produits cosmétiques.
Lorsque vous êtes à la tête de deux usines de production avec plus de 200 salariés, l’humain est au cœur de vos préoccupations quotidiennes. Si les gens vont bien, ils travaillent bien. Lorsque les gens vont mal, ils travaillent mal. Pour amener les salariés à parler de leurs difficultés, ça nécessite un environnement de confiance, et il faut libérer la parole.
J’ai eu un cancer du sein très agressif. Les salariés m’ont vu travailler malade. Le cancer est entré dans l’entreprise sans tabou, avec moi qui travaillais.
Le sens de mon approche c’est : intégrer la maladie dans le travail pour pouvoir se réinsérer car, après la maladie, là les gens se sentent abandonnés et perdus. C’est la raison pour laquelle nous avons signé la charte Cancer@Work. L’atelier-école est née de Cancer@Work. C’est une bulle, un endroit où on va travailler temporairement pour pouvoir reprendre son souffle et réintégrer le rythme de travail.
Quand on travaille sur la pénibilité ou des adaptations de postes, on va adapter avec le médecin du travail. Là, c’est différent, c’est le salarié qui va choisir ce qu’il peut faire.
C’est développer dans l’entreprise la capacité de résilience. La capacité de résilience dont j’ai fait preuve après la maladie et bien finalement, je l’ai adaptée dans mon entreprise et cette entreprise, ce groupe, innove en étant un groupe résilient.
Lorsque l’on se bat pour survivre, c’est l’estime de soi que l’on perd. Ça s’est imposé comme une évidence : créer une marque. Cette marque Ozalys, son objectif est de reconquérir l’estime de soi. Ozalys permet aux femmes de reprendre contact avec elles-mêmes avec des produits très ciblés pour répondre à des effets secondaires très spécifiques. Les salariés se sont appropriés cette marque. Ça va au-delà de la fierté. Ils sont investis, c’est leur marque.
En tournant mon groupe, après 10 ans, vers la responsabilité sociétale complète j’ai pris un risque important, et il n’y a pas un jour où je le regrette. En créant de la valeur avec les plus faibles, avec les plus fragiles, on s’aperçoit que les plus forts, ceux qui ne sont pas malades, sont encore plus forts.
Chacun d’entre nous se dit : « Un jour, ce sera peut-être moi. Et le jour où ce sera moi, l’entreprise sera là. Et je ne serai pas jeté dehors. »