Si pour près de 9 salariés sur 10 le retour en entreprise suite à un arrêt maladie s’est bien déroulé en 2021, il reste que pour 12% cela n’a pas été le cas. Surtout lorsque cet arrêt est de longue durée.
Comment mieux anticiper la reprise de travail ? Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place ? Christelle Appere, Directrice Administrative et Financière en Ressources Humaines chez Atlantique Ouvertures, et Sylvie Thiebault, DRH à temps partagé, Groupe Finaxim, nous éclairent sur des solutions à mettre en place. Regards croisés de ces deux expertes RH.
Quels types de difficultés peuvent se présenter au retour d’un salarié après un arrêt maladie ?
Christelle Appere : Plus l’arrêt est long, plus le retour est difficile. Le salarié a tendance à s’isoler pour se concentrer sur ses problèmes ou la maladie qui le touche. Cet état provoque une perte de confiance et un isolement. En plus de vivre une situation difficile, le salarié pâtit de cette rupture de lien social et se sent ainsi en décalage avec l’entreprise qui a connu des changements pendant son absence. Afin de ne pas subir cet isolement, il est important de maintenir le lien. Cela peut se traduire par des appels réguliers des collègues pour prendre des nouvelles. Ou encore informer le salarié absent de l’actualité de l’entreprise et en particulier des nouveautés dans son équipe. A l’approche de la reprise, le manager peut reprendre contact avec le salarié pour échanger sur les conditions de son retour.
Dans quel état d’esprit se trouvent les salariés qui reprennent le travail ?
Christelle Appere : Lorsque les salariés retrouvent la santé, une vie sociale, et s’apprêtent à reprendre le travail, ils sont souvent confrontés à un grand moment d’angoisse. L’arrêt prolongé se traduit par une perte de confiance en soi, parfois par la culpabilité d’avoir été absent, par la peur de ne plus être à la hauteur … Dans ce cas, un travail psychologique avec le salarié s’avère indispensable. Tout passe alors par le relationnel. Le problème c’est que l’on ne sait pas toujours vers qui orienter ce salarié en détresse. Parfois le médecin du travail peut jouer ce rôle et réfléchir à des aménagements possibles – comme le temps partiel thérapeutique – pour faciliter le retour. Pour d’autres, atteints d’une pathologie physique, qui ne leur permet pas de reprendre leur poste, il faudra réfléchir à une reconversion ou éventuellement à un reclassement.
Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour faciliter le retour ?
Sylvie Thiebault : Anticiper c’est vraiment le maître mot pour moi. Le retour du salarié dans l’entreprise après une longue absence doit être préparé, aussi bien par le salarié que par l’employeur. Les cas de figure sont nombreux – dépression, maladie chronique, TMS, cancer maternité, hospitalisation, décès d’un proche – et il est essentiel de prendre en compte les attentes et les besoins du salarié concernés. L’individualité prend ici tout son sens. Tenir informé le salarié des événements survenus pendant son absence dans l’entreprise et dans le service, faire le point avec celui-ci en matière de formation ou de remise à niveau technique, lui demander comment il se sent et comment il envisage la reprise, proposer éventuellement des aménagements, assouplir ses horaires…. Cela peut sembler aller de soi, mais il ne faut pas passer à côté de ces moments d’échange.
Des aménagements du travail sont-ils pertinents ?
Sylvie Thiebault : S’il souhaite redémarrer en douceur, il est en effet possible d’alléger la charge de travail du salarié pendant une période déterminée ou de lui permettre de faire du télétravail un ou plusieurs jours par semaine. Le but de cette démarche est bien sûr de laisser le temps nécessaire au salarié de se reconnecter à son environnement professionnel. Dans ce cadre, l’entretien de retour avec le manager a également pour objectif de faciliter la réintégration du salarié, dans les meilleures conditions possibles, mais surtout d’identifier d’éventuels problèmes en vue d’y remédier
Quels bénéfices pour l’entreprise à long terme ?
Sylvie Thiebault : La reconnaissance est sans doute le besoin le plus partagé en entreprise.
Une bonne gestion du retour à la suite d’un accident de vie participe à l’attachement à la marque employeur.
Le salarié longtemps absent se sentira soutenu, valorisé dans son travail et sa fonction, si l’entreprise lui prouve qu’elle souhaite le réintégrer dans les meilleures conditions possibles et reste à l’écoute de ses attentes et besoins. En plus de démontrer l’attachement de l’entreprise à ses employés et de créer un sentiment d’appartenance, cela permet souvent au salarié de retrouver confiance et estime de soi…. Et d’endiguer le risque d’absentéisme.
[1] Source : Etude Malakoff Médéric sur l’absentéisme maladie